Accéder au contenu principal

Soldier blue (1970) - Ralph Nelson

Il existe des films dont vous entendez parler depuis des années mais les occasions de les voir sont rares voire inexistantes. Tout le monde vous en dit le plus grand bien, vous en énonce les thèmes, vous en décrit certaines scènes, les plus marquantes mais impossible pour vous de les visionner. Quasiment pas de diffusion tv et quand ils passent enfin, vous les loupez ou alors la chaîne ne fait pas partie de votre offre télévisuelle, ils ne sont pas en location en vidéo club (même si dans les années 80, le choix des films en VHS était plus vaste, nettement plus importante qu'aujourd'hui où l'offre de location DVD est d'une affligeante pauvreté), ils ne sortent pas à l'achat en DVD ou en BLU-RAY. Bref, il faut se contenter de contempler les affiches, les photos d'exploitation, lire et écouter les commentaires de ceux qui les ont vus. Avant, il fallait tomber sur un magazine qui en parlait (Merci principalement à L'Ecran Fantastique, Mad Movies et Impact), maintenant internet permet d'avoir accès aux informations quand on en a envie.

Ces films, on finit par les fantasmer. 

Parmi ceux que j'ai longtemps rêvé de voir, il y a "Soldier blue" ("Soldat bleu" en français) de Ralph Nelson. 25 ans que j'en entends causer. Je me souviens très bien qui m'en avait parlé, c'était mon père. Pour me dire que ce film racontait le massacre des indiens par les soldats américains. Je me souviens aussi à quelle occasion, il m'en avait parlé. C'était après avoir regardé ensemble "Duel at Diablo" ("La bataille de la vallée du diable") du même Ralph Nelson diffusé dans le cadre de la mythique émission de Eddy Mitchel, "La dernière séance". Ironie de l'histoire, ni lui ni moi ne savions que les deux films avaient le même metteur en scène.

Il n'est pourtant pas étonnant que "Duel at Diablo" lui ait évoqué "Soldier blue" car les deux films ont certains thèmes en commun dont surtout celui du sort des indiens d'Amérique dans la deuxième moitié du XIXème siècle. Appréciant "Duel at Diablo" (qui lui est sorti en DVD il y a déjà quelques années), je désespérais de voir "Soldier blue" dans un format un minimum correct. Puis un jour de mars 2011, j'apprends par un forumeur du site "Devildead" la sortie du film en DVD pour le 24 mai chez STUDIO CANAL. Le 24 mai, j'avais "Soldier blue" et j'ai pu enfin prendre le temps de le voir.

Alors qu'il escorte contre son gré une jeune femme blanche qui vient de passer deux années dans une tribu Cheyenne  pour la ramener auprès de son officier militaire de fiancé, un régiment de l'armée de l'Union est attaqué par des Cheyennes. Seuls, Cresta (Candice Bergen), la jeune femme et Honus (Peter Strauss), un jeune soldat naïf et inexpérimenté en sortiront vivants. Ils vont alors se mettre en route pour rejoindre le prochain fort. Au cours du voyage où ils croiseront notamment un cynique marchand d'armes (interprété par un Donald Pleasance tout à fait remarquable), Cresta n'aura de cesse de plaider la cause des indiens auprès de Honus. Ils finiront par apprendre que la Cavalerie s'apprête à raser un village Cheyenne. Ce sera un véritable massacre.

"Soldier blue" est inspiré d'un fait réel appelé le Massacre de Sand Creek où l'armée se livra à une véritable boucherie contre un campement de cheyennes dont les hommes étaient pour la plupart sans défense: meurtres, mutilations, viols ont été rapportés à propos de cet événement où hommes, femmes et enfants indiens furent assassinés en masse. Le dernier quart d'heure du film met en scène ce massacre dont la sauvagerie laisse sans voix. Bien sûr, depuis la sortie de ce film, on a assisté à des spectacles cinématographiques nettement plus violents mais le final a gardé bien des aspects choquants : impacts de balles sanglants, bras, jambes et têtes coupés brandis comme des trophées, viols d'indiennes par des soldats rieurs, enfants assassinés, etc.


C'est sur cette violence que se sont bâtis les Etats-Unis et le film s'inscrit dans les mouvements contestataires qui prirent forme fin des années 60 début des années 70 notamment à travers ceux contre la guerre du Vietnam dont "Soldier blue" fait écho. D'ailleurs, la chanson du générique du début interprétée par l'activiste Buffy Sainte-Marie aux tonalités "Joan Baezienne" ne dépareillerait pas dans un concert hippie contre cette guerre. Cependant, il manque à Ralph Nelson un sens de la mise en scène un peu plus personnel. Trop académique, les images du cinéaste peuvent parfois manquer de force et c'est peut-être la raison qui fait que ce film est relativement mais injustement méconnu.

L'image du DVD est très belle et le son en mono d'origine tout à fait clair. Vu en VOSTFR bien présente contrairement à ce qui est indiqué.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Vertige (2011) - Franck Thilliez

J'ai découvert Franck Thilliez  il y a quelques années avec La chambre des morts , polar que j'avais apprécié lire. Plus tard, j'ai lu Train d'enfer pour ange rouge , thriller plutôt bien construit qui plonge le lecteur dans un univers qui se montre de plus en plus effrayant. J'ai achevé la lecture de  Vertige  récemment, son avant dernier livre qui me fait dire que l'auteur s'est amélioré entre ses premières œuvres et celle-ci ; Avec toujours ce goût pour les descriptions de scènes et situations morbides. Jonathan Touvier se réveille au fond d'une grotte glacée. Il est attaché au poignet par une chaîne qui restreint considérablement son champs de déplacement. Il y a son chien aussi, endormi et qui ne tardera pas à sortir du sommeil dans lequel il a été plongé. Deux autres hommes aussi se réveillent dans le même lieu : Farid, qui lui est enchaîné à la cheville et Michel, libre de ses mouvements mais qui a un masque de fer fixé autour de la tête. P

Licence to kill (1989) - John Glen

Licence to kill est le premier James Bond que j'ai vu au cinéma. A l'époque, j'avais été un peu déçu, le canevas scénaristique étant similaire à de nombreuses productions cinématographiques des années quatre-vingts, à savoir une histoire de vengeance sur fond de trafic de drogue. Depuis, je l'ai revu à la hausse. En effet, bien qu'il s'agisse pour la première fois d'un titre non issu des écrits de Ian Fleming, il me semble plutôt fidèle à l'esprit du créateur de James Bond. Il s'inspire d'ailleurs d'éléments qui avaient été ignorés dans les précédentes adaptations, en premier lieu la mutilation de Felix Leiter ( David Hedison ), jeté dans la mâchoire d'un requin, événement dramatique qui intervient dans le roman Live and let die mais entièrement ignoré dans sa pitoyable adaptation de 1973 . Dans Licence to kill , Leiter est jeté au requin alors qu'il vient tout juste de se marier. Parallèlement, Della, son épouse, sera t

Casino Royale (1953) - Ian Fleming

Avant propos : la quasi intégralité de cet article a été rédigée avant le week-end James Bond au Touquet . C'est l'organisation de ce week-end qui m'a motivé pour me plonger à nouveau dans les origines de 007 plus de 20 ans après les avoir lu. Il y a quelques similitudes avec les propos de Jacques Layani lors de sa conférence du 8 octobre dernier mais en aucune façon, je n'ai copié ou récupéré ce qu'il a pu dire sur Ian Fleming et James Bond. Je tenais à le préciser afin d'éviter tout malentendu avec celles et ceux qui ont assisté à la conférence ainsi qu'avec Jacques Layani lui même. " L'odeur d'un casino, mélange de fumée et de sueur, devient nauséabonde à trois heures du matin. L'usure nerveuse causée par le jeu - complexe de rapacité, de peur et de tension - devient insupportable ; les sens se réveillent et se révoltent. " C'est par ces mots que commence en 1953 la toute première intrigue de James Bond 007 imaginée par