"Les dessins animés japonais qui sont exécrables, qui sont terribles". Cette affirmation est de Ségolène Royal, formulée au cours de l'émission Midi 2 (extrait visible sur le site de l'ina ICI) en 1988 alors qu'elle venait défendre un amendement législatif pour la protection des enfants concernant la violence dans les programmes de télévision. Il y aurait beaucoup à dire sur le conservatisme, la condescendance, les préjugés et même une certaine forme de populisme qui l'animent pendant ce moment mais j'en resterai au sujet qui m'intéresse de développer ici, à savoir ces fameux dessins animés japonais. Elle a continué en 1989 dans un livre, Le ras-le-bol des bébés zappeurs, où elle s'en prend toujours à ces dessins animés japonais où elle n'y voit que la pire expression de la violence au sein d'histoires minimalistes et forcément la cause de tous les maux qui traumatisent la jeunesse française. Les politiques ne sont jamais responsables de leurs échecs et des dysfonctionnements de la société, ce sont toujours les autres qui doivent avoir le dos large. C'est en regardant Kokuriko zaka kara, La colline aux coquelicots en français, que me sont revenus en mémoire les propos de l'ancienne candidate du parti socialiste à la présidentielle de 2007, non pas parce que le film lui donne raison mais, bien au contraire, la disqualifie, au moins sur ce thème ; et Kokuriko zaka kara est loin d'être une exception dans le paysage de l'animation japonaise.
A la décharge de Ségolène Royal, dans les années 80, n'étaient connus et importés du Japon que les séries d'animation diffusées essentiellement dans le cadre de Récré A2 et par la suite, du Club Dorothée. Le malentendu qui existait à l'époque (car il ne peut s'agir que d'un malentendu) vient du fait que certaines de ces séries sont en réalité destinées aux adolescents et aux adultes dans leur pays d'origine. Ceci dit, Albator, Goldorak ou encore Cobra, séries considérées au début des années 80 comme violentes, ne m'ont jamais traumatisé et il ne semble pas qu'elles aient traumatisé les enfants de l'époque. C'est aussi ignorer d'autres animes japonaises telles que Tom Sawyer, Ulysse 31, Les mystérieuses cités d'or ou encore Belle et Sébastien, Rémi sans famille et bien d'autres qui adaptent ou s'inspirent de la littérature américaine et européenne et qui sont loin de la violence et du bas de gamme qu'elle décrie. D'ailleurs, plusieurs d'entre elles sont des productions franco-japonaises.
A cela, il faut ajouter qu'avant diffusion, des coupes étaient faites et certaines traductions édulcoraient les dialogues. Par exemple, Nicky Larson et Ken le survivant sont les séries les plus touchées par ces procédés. On peut admettre que les séries en question étaient un peu à part et Ken le survivant assez extrême pour un jeune public. Mais elles restent des exceptions. Les derniers épisodes d'Albator - le corsaire de l'espace n'avaient d'ailleurs pas du tout été diffusés en raison de leur violence (extrêmement relative) et d'une scène de nudité (extrêmement soft).
Ajoutons également que ce qui existe de plus violent dans l'animation japonaise n'a jamais été diffusé dans les émissions précitées. Je pense par exemple à Urotsukidoji, sommet d'horreur et de sadisme.
Quoi qu'il en soit, Kokuriko zaka kara est loin de tout cela. L'histoire se déroule au Japon, à Yokohama où Umi, une jeune lycéenne qui vit avec sa famille dans une maison qui fait aussi maison d'hôtes, a pris l'habitude de hisser tous les matins les drapeaux de signalisation maritime à l'intention des bateaux depuis que son père, marin, a trouvé la mort en mer au moment de la guerre de Corée. Au lycée, elle se rapproche de Shun qui a pris la tête de la contestation au projet de destruction de l'ancien foyer des élèves baptisé le quartier latin pour le remplacer par une bâtisse toute neuve. Elle encourage alors les élèves à nettoyer et restaurer le foyer afin de convaincre la proviseur du lycée et le président du conseil de l'école de le préserver. Parallèlement, elle et son ami Shun vont découvrir qu'ils sont liés par un secret qui remonte à leur naissance.
Point de monstres, ni de violence, ni même d'éléments surnaturels dans ce joli film d'animation sorti des Studio Ghibli et dont le metteur en scène, Goro Miyazaki n'est autre que le fils de Hayao Miyazaki, auteur de nombreux films d'animation reconnus pour leurs qualités et dont Sen to Chihiro no kamikakushi (Le voyage de Chihiro) est, à mes yeux, ce qu'il a fait de mieux. Il y a dans Kokuriko zaka kara une poésie presque contemplative où le travail de deuil de Umi est illustré avec délicatesse. Malgré la gravité de son thème principal, quelques moments d'humour ainsi que certains personnages décalés apportent à l'ensemble une touchante et amusante légèreté.
Depuis le début des années 2000, le cinéma asiatique a connu un véritable engouement auprès du public et une reconnaissance critique indéniable. Tous les films d'animation des studios Ghibli sont sortis en France y compris ceux datant des années 80 et globalement, ils ont été salués pour leurs qualités. Si madame Royal s'intéresse réellement à la qualité des dessins animés japonais, elle ne peut ignorer tout ce qui plaide en faveur des productions animés nippones. Pourtant, en 2006, elle a récidivé en demandant à Madame Fukushima, présidente du parti social-démocrate japonais, si la condition des femmes au Japon n'était pas du aux mangas et aux dessins animés japonais.
Est-ce parce qu'elle s'est aperçue qu'elle avait un peu tapé à tort et à travers sur le sujet que la région Poitou-Charentes dont elle est présidente s'est portée partenaire en 2008 de l'exposition "Mondes et merveilles du dessin animé" à l'abbaye de Fontevraud où des œuvres de Isao Takahata et Hayao Miyasaki des studios Ghibli y étaient présentées ? Le dossier de presse commence par une phrase de Ségolène Royal : "En Poitou-Charentes, nous ne tenons pas le dessin animé pour un art mineur : nous l'aimons, nous le soutenons".
A la décharge de Ségolène Royal, dans les années 80, n'étaient connus et importés du Japon que les séries d'animation diffusées essentiellement dans le cadre de Récré A2 et par la suite, du Club Dorothée. Le malentendu qui existait à l'époque (car il ne peut s'agir que d'un malentendu) vient du fait que certaines de ces séries sont en réalité destinées aux adolescents et aux adultes dans leur pays d'origine. Ceci dit, Albator, Goldorak ou encore Cobra, séries considérées au début des années 80 comme violentes, ne m'ont jamais traumatisé et il ne semble pas qu'elles aient traumatisé les enfants de l'époque. C'est aussi ignorer d'autres animes japonaises telles que Tom Sawyer, Ulysse 31, Les mystérieuses cités d'or ou encore Belle et Sébastien, Rémi sans famille et bien d'autres qui adaptent ou s'inspirent de la littérature américaine et européenne et qui sont loin de la violence et du bas de gamme qu'elle décrie. D'ailleurs, plusieurs d'entre elles sont des productions franco-japonaises.
A cela, il faut ajouter qu'avant diffusion, des coupes étaient faites et certaines traductions édulcoraient les dialogues. Par exemple, Nicky Larson et Ken le survivant sont les séries les plus touchées par ces procédés. On peut admettre que les séries en question étaient un peu à part et Ken le survivant assez extrême pour un jeune public. Mais elles restent des exceptions. Les derniers épisodes d'Albator - le corsaire de l'espace n'avaient d'ailleurs pas du tout été diffusés en raison de leur violence (extrêmement relative) et d'une scène de nudité (extrêmement soft).
Ajoutons également que ce qui existe de plus violent dans l'animation japonaise n'a jamais été diffusé dans les émissions précitées. Je pense par exemple à Urotsukidoji, sommet d'horreur et de sadisme.
Quoi qu'il en soit, Kokuriko zaka kara est loin de tout cela. L'histoire se déroule au Japon, à Yokohama où Umi, une jeune lycéenne qui vit avec sa famille dans une maison qui fait aussi maison d'hôtes, a pris l'habitude de hisser tous les matins les drapeaux de signalisation maritime à l'intention des bateaux depuis que son père, marin, a trouvé la mort en mer au moment de la guerre de Corée. Au lycée, elle se rapproche de Shun qui a pris la tête de la contestation au projet de destruction de l'ancien foyer des élèves baptisé le quartier latin pour le remplacer par une bâtisse toute neuve. Elle encourage alors les élèves à nettoyer et restaurer le foyer afin de convaincre la proviseur du lycée et le président du conseil de l'école de le préserver. Parallèlement, elle et son ami Shun vont découvrir qu'ils sont liés par un secret qui remonte à leur naissance.
Point de monstres, ni de violence, ni même d'éléments surnaturels dans ce joli film d'animation sorti des Studio Ghibli et dont le metteur en scène, Goro Miyazaki n'est autre que le fils de Hayao Miyazaki, auteur de nombreux films d'animation reconnus pour leurs qualités et dont Sen to Chihiro no kamikakushi (Le voyage de Chihiro) est, à mes yeux, ce qu'il a fait de mieux. Il y a dans Kokuriko zaka kara une poésie presque contemplative où le travail de deuil de Umi est illustré avec délicatesse. Malgré la gravité de son thème principal, quelques moments d'humour ainsi que certains personnages décalés apportent à l'ensemble une touchante et amusante légèreté.
Depuis le début des années 2000, le cinéma asiatique a connu un véritable engouement auprès du public et une reconnaissance critique indéniable. Tous les films d'animation des studios Ghibli sont sortis en France y compris ceux datant des années 80 et globalement, ils ont été salués pour leurs qualités. Si madame Royal s'intéresse réellement à la qualité des dessins animés japonais, elle ne peut ignorer tout ce qui plaide en faveur des productions animés nippones. Pourtant, en 2006, elle a récidivé en demandant à Madame Fukushima, présidente du parti social-démocrate japonais, si la condition des femmes au Japon n'était pas du aux mangas et aux dessins animés japonais.
Est-ce parce qu'elle s'est aperçue qu'elle avait un peu tapé à tort et à travers sur le sujet que la région Poitou-Charentes dont elle est présidente s'est portée partenaire en 2008 de l'exposition "Mondes et merveilles du dessin animé" à l'abbaye de Fontevraud où des œuvres de Isao Takahata et Hayao Miyasaki des studios Ghibli y étaient présentées ? Le dossier de presse commence par une phrase de Ségolène Royal : "En Poitou-Charentes, nous ne tenons pas le dessin animé pour un art mineur : nous l'aimons, nous le soutenons".
Génial, j'ai vu ce fabuleux dessin annimé japonnais émouvant et merveilleux, les décors sont à la perfection et d'une beauté. Je vous encorage à publier vos messages.
RépondreSupprimerEffectivement, un très beau film d'animation. L'histoire est émouvante et les dessins très beaux. Moi aussi, j'ai beaucoup aimé.
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