Accéder au contenu principal

Chitty Chitty Bang Bang the magical car (1964) - Ian Fleming

"La plupart des automobiles ne sont qu'un conglomérat (un bien grand mot pour si peu de chose) d'acier, de fil de fer, de caoutchouc et de plastique, d'électricité, d'huile, d'essence et d'eau, sans oublier les papiers de bonbons que vous avez glissés, dimanche dernier, dans les rainures des banquettes. Elles lancent de la fumée par-derrière et des couacs par-devant ; elles ont aussi de grands yeux blancs par-devant, des lumières rouges par-derrière, et c'est à peu près tout. Ce sont de simples boîtes de fer blanc montées sur roues pour pouvoir se promener.
Mais il en est d'autres - les miennes par exemple, et sans doute les vôtres - qui sont tout à fait différentes. Si vous vous efforcez de les aimer, de les comprendre, de les traiter aimablement, de leur éviter la moindre égratignure, si vous ne claquez pas leurs portières, si vous les soignez les astiquez, les regonflez quand il le faut, et les protégez autant que possible de la pluie et de la neige, vous vous apercevrez peut-être qu'elles peuvent devenir des personnes. Plus que des personnes ordinaires : des êtres magiques.
Vous ne me croyez pas ? Bon. Lisez ce que je vais vous raconter. Je pense que vous avez déjà deviné le nom de la voiture - de la personne - dont je vais vous parler. Nous verrons bien ensuite si vous n'êtes pas de mon avis. Non ! Toutes les voitures ne sont pas uniquement un conglomérat d'acier, de fil de fer, de..., etc."

Ian Fleming est connu pour être le créateur de James Bond dont il a narré les aventures à travers plusieurs romans et nouvelles. Ce ne sont cependant pas ses seuls écrits, il est également l'auteur de The diamond smugglers et Thrilling cities. Pourtant, il ne s'agit pas de fictions mais de reportages, sur le trafic de diamants pour le premier et une suite de visites de villes à travers le monde pour le second. Ainsi, Chitty Chitty Bang Bang sera la seule fiction qu'il écrira en dehors des James Bond. Loin de l'univers de son agent secret, ce livre est une histoire pour enfants initialement destiné à son fils Caspar.

Le commandant Caractacus Pott est un inventeur mais ses inventions ne permettent pas de faire vivre sa famille de façon confortable. Arrive le jour où il créé le bonbon siffleur, vend le brevet à un certain Lord Skrumshus dont le contrat prévoit un pourcentage sur les ventes. Avec l'argent, le commandant Pott peut ainsi acheter une voiture, en réalité une épave. Pendant des mois, il la retape pour en faire un véhicule flambant neuf. Le commandant embarque alors Mimsie, son épouse, et leurs jumeaux, Jérémie et Jemima pour un pique-nique en bord de mer à bord du bolide baptisé désormais Chitty Chitty Bang Bang en raison du bruit qu'il fait au démarrage. Ils sont loin d'imaginer qu'ils vont vivre une aventure hors du commun, la voiture pouvant voler, voguer sur l'eau tel un hors-bord. De surcroît, elle semble être dotée d'une volonté propre.

Il est frappant de constater que certaines capacités de la voiture seront utilisées pour les véhicules dans les films de James Bond. La voiture de Francisco Scaramanga dans The man with the golden gun ne vole t-elle pas comme Chitty Chitty Bang Bang ? Le fait qu'elle puisse se transformer en hors-bord m'a fait penser à la Lotus amphibie de The spy who loved me. Plus surprenant, Ian Fleming dote sa voiture d'un système radar semblable aujourd'hui aux systèmes GPS qui se sont généralisés depuis ces cinq dernières années.

Autre point amusant, c'est que l'enchaînement des péripéties va conduire la famille et leur voiture en France, sur les côtes du Pas-de-Calais. Les aventures de la famille Pott s'achèveront d'ailleurs à Paris. Une fois de plus, Ian Fleming partage son affection pour la France comme c'est régulièrement le cas dans les livres de James Bond.

L'ensemble est léger, plutôt plaisant, rapide et varié dans ses enchaînements et se lit assez vite. Malgré l'âge du livre, il est certain qu'il peut toujours amuser les jeunes lecteurs d'aujourd'hui. Découpé en trois parties, chacune d'entre elles est introduite par une page dessinée qui la résume, du moins dans l'édition suisse que j'ai lue. Publiée par la guilde du livre, les illustrations sont de Pierre Monnerat. L'édition originale est illustrée par John Burningham et une réédition de l'année dernière par Joe Berger.

Des suites au livre de Ian Fleming ont été écrites par Frank Cottrell Boyce, auteur de romans pour enfants et scénariste pour la télévision et le cinéma.

Une adaptation de Chitty Chitty Bang Bang réalisée par Ken Hughes (l'un des metteurs en scène de la parodie de James Bond Casino Royale de 1967) est sortie en 1968. Transformé en film musical,  je ne l'ai pas vue mais, vu la bande annonce, il semble que de grandes libertés ont été prises avec le roman. Je le verrai un jour quand l'occasion se présentera mais je ne suis pas pressé, je goûte peu à ce genre de comédies musicales. Le film - et non le livre, le détail est important - est devenu une comédie musicale sur scène.


Commentaires

  1. Eh oui, voici le seul Fleming que je n'ai pas lu. Il faudra bien que j'y arrive, pourtant. Je constate, au lu de votre article, que l'univers fleminguien ne change pas : il est uniquement, ici, transposé au monde des enfants. Je trouve ça très bien, cela renforce encore la cohérence de notre auteur.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Jacques,

      vous avez raison, l'univers ne change pas même si cette fois Ian Fleming s'adresse aux enfants en priorité. Peut-être pas ce qu'il a écrit de mieux mais je suis certain que les enfants peuvent y trouver leur compte. C'est d'ailleurs à mon avis plus sympathique et plus intelligent que certains ouvrages actuels pour la jeunesse.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Vertige (2011) - Franck Thilliez

J'ai découvert Franck Thilliez  il y a quelques années avec La chambre des morts , polar que j'avais apprécié lire. Plus tard, j'ai lu Train d'enfer pour ange rouge , thriller plutôt bien construit qui plonge le lecteur dans un univers qui se montre de plus en plus effrayant. J'ai achevé la lecture de  Vertige  récemment, son avant dernier livre qui me fait dire que l'auteur s'est amélioré entre ses premières œuvres et celle-ci ; Avec toujours ce goût pour les descriptions de scènes et situations morbides. Jonathan Touvier se réveille au fond d'une grotte glacée. Il est attaché au poignet par une chaîne qui restreint considérablement son champs de déplacement. Il y a son chien aussi, endormi et qui ne tardera pas à sortir du sommeil dans lequel il a été plongé. Deux autres hommes aussi se réveillent dans le même lieu : Farid, qui lui est enchaîné à la cheville et Michel, libre de ses mouvements mais qui a un masque de fer fixé autour de la tête. P

Licence to kill (1989) - John Glen

Licence to kill est le premier James Bond que j'ai vu au cinéma. A l'époque, j'avais été un peu déçu, le canevas scénaristique étant similaire à de nombreuses productions cinématographiques des années quatre-vingts, à savoir une histoire de vengeance sur fond de trafic de drogue. Depuis, je l'ai revu à la hausse. En effet, bien qu'il s'agisse pour la première fois d'un titre non issu des écrits de Ian Fleming, il me semble plutôt fidèle à l'esprit du créateur de James Bond. Il s'inspire d'ailleurs d'éléments qui avaient été ignorés dans les précédentes adaptations, en premier lieu la mutilation de Felix Leiter ( David Hedison ), jeté dans la mâchoire d'un requin, événement dramatique qui intervient dans le roman Live and let die mais entièrement ignoré dans sa pitoyable adaptation de 1973 . Dans Licence to kill , Leiter est jeté au requin alors qu'il vient tout juste de se marier. Parallèlement, Della, son épouse, sera t

Bad taste (1987) - Peter Jackson

" Un film de Peter Jackson le réalisateur du Seigneur des anneaux ", voilà ce qu'on peut lire sur la boite du DVD sorti en 2006 de Bad taste . Si Peter Jackson est bien le réalisateur des deux films, je n'ai pu que m'amuser devant l'affirmation opportuniste insérée ici car les deux longs métrages n'ont rien en commun si ce n'est, effectivement, d'avoir le même metteur en scène. Quelques années auparavant, la trilogie The lord of the rings avait fait un carton en salle, et visiblement, le distributeur de Bad taste entendait en profiter pour vendre quelques galettes. Personnellement, j'étais ravi de voir le premier film de Peter Jackson en DVD car depuis sa sortie dans les années quatre vingts, j'admire son thème parfaitement idiot, sa mise en scène outrancière, son humour potache et cradingue, ses délires gores, et tout cela fait dans un total amateurisme avec une bande de copains. Des extraterrestres carnivores ont décimé