Je concluais mon article au sujet de Django en promettant que tôt ou tard j'en rédigerai un autre sur Il grande silenzio, un autre western du même Sergio Corbucci. Django, pourtant déjà d'une grande noirceur, le metteur en scène fera encore plus désespéré deux ans plus tard avec ce film où l'éclatante blancheur des paysages enneigés tranche avec la lourdeur de l'atmosphère et la violence qui s'y exprime.
Nous sommes à Snowhill, une bourgade perdue dans les montagnes de l'Utah où une bande de chasseurs de primes dirigée par l'impitoyable Tigrero (Klaus Kinski) règne en maître en terrorisant les hors-la-loi et leurs proches. Les hors-la-loi en question ne sont en réalité que de pauvres gens contraints de voler pour se nourrir, faute de travail et d'argent. Le gouverneur de l'Utah qui s'apprête à les amnistier envoie le shérif Burnett (Frank Wolff) afin de mettre un terme aux exactions des chasseurs de primes. Parallèlement, arrive Silence (Jean-Louis Trintignant), embauché par Pauline (Vonetta McGee) pour qu'il liquide Tigrero, ce dernier ayant tué son mari pour toucher la prime.
Dans Il grande silenzio, les hors-la-loi ne sont que de braves gens amenés à voler pour se nourrir parce qu'il n'y a pas de travail. Cette situation est maintenue par les banquiers, les marchands et autres usuriers car elle leur permet d'accumuler biens et richesses notamment en touchant un pourcentage sur les primes des personnes recherchées. C'est le personnage de Pollicut (Luigi Pistilli) qui remplit cette fonction, peut-être de façon un peu caricaturale puisqu'il est à la fois banquier, commerçant et juge de paix. C'est lui qui met les têtes à prix. Il est donc directement intéressé par la mise en place d'un système qui créé ces soit disant hors-la-loi et on apprendra même qu'il a fait du mari de Pauline l'un d'eux dans le but d'avoir la veuve pour lui. Je dois bien reconnaître que j'adhère assez à cette façon de voir le fonctionnement de la société. A travers Il grande silenzio, Sergio Corbucci nous expose sa vision de la société. Il nous dit que la pauvreté et le chômage sont entretenus pour maintenir les gens dans la peur du lendemain, pour remplir les poches des rentiers qui peuvent ainsi jouir dans le luxe et la luxure. Quant aux autres, il ne leur reste plus qu'à se débrouiller comme ils peuvent et au moindre faux pas, ils sont poursuivis et condamnés.
L'arrivée de Silence, le héros, devrait normalement mettre un terme à cette situation.
Pourtant, la fin ne voit pas le classique triomphe du pistolero. Silence sera abattu, criblé de balles par les chasseurs de primes, laissant le spectateur stupéfait devant tant de nihilisme et de désespérance.
Attention, spoilers importants sur la fin du film
Pourtant, la fin ne voit pas le classique triomphe du pistolero. Silence sera abattu, criblé de balles par les chasseurs de primes, laissant le spectateur stupéfait devant tant de nihilisme et de désespérance.
Fin des spoilers
Moins connu que Django, Il grande silenzio est pourtant plus abouti et mieux fini, Sergio Corbucci semblant ici faire nettement moins appel à l'improvisation en cours de tournage, ce qui permet d'obtenir un scénario plus intéressant et une mise en scène affinée.
Yves Swolfs rendra hommage à Il grande silenzio avec sa bande dessinée Les chiens meurent en hiver, premier tome de son excellente série Durango (qui compte aujourd'hui 16 tomes) très inspirée par le western italien.
Yves Swolfs rendra hommage à Il grande silenzio avec sa bande dessinée Les chiens meurent en hiver, premier tome de son excellente série Durango (qui compte aujourd'hui 16 tomes) très inspirée par le western italien.
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